Certains créateurs marquent l’histoire en laissant derrière eux des œuvres qui traversent les générations. Pour moi, Eero Saarinen fait partie de ces architectes et designers étonnants qui ont su réinventer la façon dont on regarde une chaise, un bâtiment… et même une ville entière. La première fois que j’ai croisé l’une de ses créations en brocante – une réédition d’une chaise Tulip, aux lignes presque flottantes – j’ai compris ce que voulait dire « fusionner art et utilité ». Dans cet article, je vous propose de plonger dans l’univers d’Eero Saarinen : son parcours, son influence, et ce que ses œuvres nous enseignent aujourd’hui, bien au-delà du simple design.

Table des matières

Un parcours mêlant héritage familial et quête d’innovation

L’enfance d’un futur pionnier de l’architecture moderne

Il y a une vraie histoire familiale derrière l’incroyable trajectoire de Saarinen. Né le 20 août 1910 à Kirkkonummi, en Finlande, Eero baigne très tôt dans le monde du dessin et de l’architecture. Son père, Eliel Saarinen, est une figure de l’architecture scandinave, et la maison familiale est un véritable laboratoire d’idées. Dès ses premiers projets d’enfance, Eero comprend que chaque objet, chaque bâtiment peut raconter quelque chose sur les personnes qui l’utilisent.

Des études entre l’Europe et l’Amérique

Après un passage par l’Académie de la Grande Chaumière à Paris, puis à l’Université Yale, Eero Saarinen acquiert une culture artistique internationale. Il rejoint ensuite l’atelier de son père aux États-Unis. C’est là que prend racine son vocabulaire architectural : un savant mélange d’influences européennes et d’inventivité américaine. Je me rappelle d’un vieux livre de chevet retrouvé chez un client : Saarinen y figure parmi les « jeunes loups » de l’architecture moderne, ceux qui veulent tout bousculer.

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Les œuvres architecturales qui ont marqué le XXe siècle

Le Gateway Arch : l’audace pure au cœur de Saint Louis

Impossible de parler de Saarinen sans évoquer le Gateway Arch, cette immense arche de 192 mètres qui nouvellement sculpte la silhouette de St. Louis, Missouri. Achevée en 1965, cette œuvre magistrale en acier inoxydable lui survit, symbole de l’expansion vers l’ouest américain. Ce que j’admire, c’est cette capacité à concevoir un monument-mémoire : le Gateway Arch, c’est bien plus qu’une prouesse technique, c’est un geste optimiste, une porte ouverte sur l’avenir. À l’échelle d’un meuble, c’est un peu le même défi que de préserver la mémoire d’un bois usé tout en lui offrant une nouvelle promesse de vie.

TWA Flight Center : l’élégance de la modernité en mouvement

À New York, le TWA Flight Center (1962), devenu depuis une icône du design aéroportuaire, épouse les courbes de l’aviation. Le terminal ressemble presque à un oiseau prêt à prendre son envol, grâce à ses toits en voûte et ses formes organiques. C’est ce type de projet qui me fait aimer le design : Saarinen montre qu’on peut transformer un lieu utilitaire en une expérience sensorielle et inspirante. Ce regard là, je le retrouve dans mes restaurations : lorsqu’un meuble allie confort, beauté et inventivité, il est au service du quotidien tout en ouvrant à l’imaginaire.

La North Christian Church : la spiritualité par la géométrie

À Columbus, Indiana, Saarinen conçoit la North Christian Church (1964), reconnaissable à sa forme hexagonale et à sa flèche centrale qui tutoie le ciel. Au-delà de la prouesse architecturale, c’est l’idée d’un espace partagé, ouvert et lumineux. Tout comme dans la restauration d’un objet de famille, Saarinen célèbre ici l’union entre histoire, spiritualité et modernité.

L’autre facette : le génie du mobilier intemporel

Chaises Womb et Tulip : le confort comme manifeste artistique

Pour Saarinen, le design ne se limite pas aux grands bâtiments. Il imagine des pièces devenues incontournables, à commencer par la fameuse chaise Womb (1948), enveloppante et généreuse, qui invite à la détente totale. Aujourd’hui, je croise parfois des déclinaisons de cette chaise chez des familles qui veulent un coin chaleureux pour leur salon ou leur bureau. C’est un peu comme un cocon, un espace rassurant.

En 1956, Saarinen crée la chaise Tulip, reconnaissable à son pied central et à son assise toute en rondeur. Son pari : éliminer le « fatras de pieds » sous les tables pour n’en faire qu’un seul, central et élégant. Les lignes pures de la Tulip traversent les décennies sans prendre une ride. Comme dans l’artisanat, le vrai génie réside dans la simplicité.

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Modèle de chaise Saarinen Caractéristiques principales Prix moyen (2024) Envie d’upcycling ?
Womb Chair Assise enveloppante, piètement en acier, tissu ou cuir 3 000 – 6 000 € (neuf), 1 800 – 3 500 € (occasion) Coûteuse à restaurer, mais parfaite pour un relooking du tissu
Tulip Chair Pied central, coque en fibre, coussin amovible 1 500 – 2 500 € (neuf), 600 – 1 200 € (occasion) Facile à personnaliser (coussin, peinture de coque)
Executive Chair Forme ergonomique, piétement sur roulettes ou traîneau 1 000 – 2 200 € (neuf), 400 – 900 € (occasion) Parfaite pour une rénovation de tissu ou un piètement modernisé
Comparatif des principales chaises Saarinen : repères de prix et potentiel pour les passionnés de rénovation.

À l’affût des pièces à restaurer : conseils de chineur

Si, comme moi, vous aimez fouiller les brocantes, vous tomberez peut-être sur une chaise Saarinen (ou une réédition inspirée). Avant de craquer, vérifiez l’état du piètement, la robustesse de la coque, et imaginez déjà la nouvelle vie que vous pourriez lui offrir : un tissu chiné, un coussin upcyclé… Ces objets vous donneront l’occasion parfaite de mixer patrimoine du design et personnalisation contemporaine.

Saarinen aujourd’hui : une influence toujours vivace dans l’architecture et le design

De l’aéroport à la maison : l’héritage Saarinen dans nos intérieurs

Je croise aujourd’hui beaucoup d’amateurs de déco qui s’inspirent des lignes Saarinen : tables d’appoint, copies de chaises Tulip, même des buffets aux contours tout en souplesse. Si le style fait rêver, il invite aussi à repenser notre rapport à l’objet : privilégier la fonctionnalité sans sacrifier la beauté, utiliser des matériaux durables (comme la fibre de verre ou les tissus éco-responsables), et oser la couleur.

Dans mon atelier, je remarque que de nombreux clients viennent avec des demandes de restauration sur des pièces des années 50-60. Mon conseil : si vous mettez la main sur une chaise Tulip usée, privilégiez une restauration douce pour préserver l’esprit de Saarinen. Une simple remise en état du coussin ou une peinture adaptée suffit parfois à la faire revivre.

Expositions et reconnaissance récente

L’année 2024 a vu le musée KMAC organiser une exposition remarquable, « Eero Saarinen: Sculptor of Form » (ouverte jusqu’au 5 juin 2025). Cette rétrospective témoigne du regard toujours contemporain porté sur Saarinen : maillage entre sculpture, architecture et art du mobilier. Quand je visite ce type d’exposition, je ressors toujours avec l’envie de repousser les limites dans mes propres restaurations, quitte à oser un détail inattendu ou une finition plus audacieuse.

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Comment s’inspirer de Saarinen pour ses propres créations et restaurations ?

Jouer avec les courbes et la légèreté

L’une des grandes leçons de Saarinen, c’est la manière dont il abolit la frontière entre le meuble et la sculpture. Même dans un buffet ou une chaise du quotidien, vous pouvez oser des formes arrondies, simplifier les pieds, alléger la silhouette.

Si vous retapez un meuble, pensez : « Qu’est-ce qui ferait de cette pièce un objet unique et aérien ? » Une dernière fois, faites confiance à l’intention cachée derrière la forme : Saarinen ne dessinait rien au hasard.

Priorité au confort : marier technique et bien-être

La fonctionnalité : voilà ce qui distingue les créations qui nous accompagnent longtemps de celles qui nous lassent vite. La Womb Chair ou la Tulip séduisent d’abord par leur confort. Pour vos propres projets, privilégiez les mousses de qualité, les matériaux agréables au toucher, pensés pour durer.
Je conseille souvent à ceux qui restaurent eux-mêmes d’oser tester différentes duretés de mousse ou de revisiter le galbe d’un dossier en s’inspirant des lignes Saarinen (c’est bluffant comme ça change tout sur une chaise rétro !).

Miser sur les matériaux durables : l’éthique du design

Saarinen était en avance sur son temps sur la question des matériaux. Fibre de verre, aluminium, bois, acier chromé – il mixait robustesse et légèreté. Dans ma pratique, je privilégie les peintures naturelles, les tissus éco-responsables et les colles sans formaldéhyde.
Si vous repeignez un meuble ou restaurez une pièce inspirée de Saarinen, donnez-lui une finition mate (pour un effet plus contemporain), ou jouez les contrastes avec des couleurs inspirées de la nature.

Check-list restauration : préparer et réussir une restauration dans l’esprit Saarinen

Étape À faire Outils/Matériaux Conseil de pro
1. Observation Examiner la pièce, repérer fissures et usures Lampe, loupe, carnet de notes Cherchez la signature ou un marquage d’époque
2. Préparation Nettoyer délicatement la surface Éponge douce, savon neutre, chiffon microfibre Privilégiez un nettoyage doux pour ne pas abîmer la patine
3. Ponçage Lisser la surface avec soin Papier abrasif grains 240 et 400, cale à poncer Avancez progressivement, toujours dans le sens du matériau
4. Restauration Resserrer vis, remplacer mousses ou tissu Tournevis, pince, agrafeuse, mousse de tapissier Testez le confort à chaque étape, ajustez si besoin
5. Finitions Appliquer peinture ou vernis écologique Pinceau ou pistolet, cire végétale, vernis à l’eau Moins c’est plus : laissez la forme parler d’elle-même
Checklist pour restaurer une chaise ou un meuble dans l’esprit Saarinen : rigueur et attention aux détails.

Que nous apprend Eero Saarinen aujourd’hui ? Entre simplicité, authenticité et créativité

À chaque fois que je croise une pièce signée Saarinen – même fatiguée ou griffée par l’époque – je ressens la même envie : honorer l’esprit de l’objet, respecter ce qu’il a traversé et y insuffler un second souffle. Son parcours rappelle que l’innovation ne s’oppose pas à l’authenticité. On peut moderniser un meuble, une pièce ou un espace… sans jamais trahir ce qui faisait sa force.
Alors, la prochaine fois que vous hésitez devant une chaise au design singulier, posez-vous ces deux questions essentielles : « Est-ce que cette ligne me parle ? Qu’est-ce que je pourrais apporter à cette histoire ? »
C’est ce dialogue entre passé et présent qui, au fond, lie tous les créateurs. Et qui, aujourd’hui encore, fait vibrer nos intérieurs. Si le sujet vous inspire ou si vous avez une question sur la restauration d’une chaise emblématique, n’hésitez pas à me l’envoyer – je réponds toujours avec plaisir et passion.

FAQ sur Eero Saarinen et ses créations

Qui était Eero Saarinen ?

Eero Saarinen était un architecte et designer d’origine finlandaise, naturalisé américain, renommé pour ses bâtiments visionnaires (Gateway Arch, TWA Flight Center) et ses meubles iconiques comme la chaise Tulip. Il a su créer un pont entre fonctionnalité et esthétique tout au long du XXe siècle.

Quelles sont les œuvres majeures d’Eero Saarinen dans l’architecture ?

Ses créations phares incluent le Gateway Arch à Saint-Louis, la Dulles International Airport près de Washington, le TWA Flight Center à l’aéroport JFK de New York, et la North Christian Church dans l’Indiana.

Pourquoi la chaise Tulip est-elle aussi célèbre ?

La Tulip est devenue une icône parce qu’elle propose un design aux lignes épurées, avec son pied central qui révolutionne l’esthétique et le côté pratique des chaises standards. Facile à intégrer dans tous types d’intérieurs, elle incarne la modernité intemporelle.

Comment reconnaître un vrai meuble Saarinen d’une reproduction ?

Les originaux Saarinen sont signés, portent souvent un marquage d’éditeur (Knoll, par exemple) et affichent une finition très soignée, surtout au niveau des matériaux et des soudures du piètement. Privilégiez toujours un examen attentif ou le conseil d’un professionnel si vous avez un doute !

Où voir les œuvres de Saarinen en France ou en Europe ?

Si la plupart des grands bâtiments de Saarinen se trouvent aux États-Unis, ses meubles sont régulièrement visibles dans les musées de design ou lors d’expositions temporaires. Pensez aussi aux ventes aux enchères spécialisées et, pour les passionnés, aux brocantes et galeries vintage.

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